La finance islamique, un levier de la relance économique en Algérie
D/Souhila Berrahou
La crise que traverse la finance mondiale est essentiellement due aux limites du système financier actuel et suscite une alternative efficace pour palier aux déficits causés à l’économie mondiale.
La Finance islamique s’est vue l’une des solutions aux problèmes récurrents des marchés financiers. Elle s’est frayée un chemin dans le monde musulman, en Europe, et spécialement dans le Royaume-Uni, foyer de la finance islamique.
La Finance Islamique puise ses sources et ses fondements dans le droit et la jurisprudence islamique, que l’on nomme communément « Charia » cette jurisprudence, définit cinq critères que doivent respecter les transactions économiques pour être conformes à la Charia :
-Le paiement et la réception d’intérêts ne sont pas autorisés.
-L’incertitude et la spéculation sont interdites.
-Les profits et les pertes sont partagés entre les parties.
-Les placements dans certains secteurs (par exemple, l’alcool ou les jeux d’argent) sont interdits.
-Les investissements doivent être restreints aux seuls actifs tangibles .
Mais c’est avant tout la finance islamique se veut, éthique et solidaire, elle prêche un partage équitable des pertes et des bénéfices entre les parties contractantes, c’est en fait un gage d’une protection intégrale pour tout types d’opérateurs.
Les crises économiques que l’Algérie a traversé ont impacté son capital financier, et les mesures prises antérieurement n’ont pas atteint les objectifs de la relance économique.
Pour ce, la banque centrale ou Banque d’Algérie a mis en œuvre des dispositions permettant ainsi la mise en vigueur de la finance islamique auprès des établissements financiers après des années d’hésitation. Une démarche qui accompagnera des réformes pour concrétiser le plan de la relance économique.
Cette démarche se résume dans le règlement n°2020-02 du 15 mars 2020 , définissant les opérations de banque relevant de la finance islamique et les conditions de leur exercice par les banques et autres organismes financiers .
Les opérations bancaires de la finance islamique sont de l’ordre de huit et présentées selon les produits suivants :
-la Mourabaha – la Moucharaka – la Moudaraba – l’Ijara
– le Salam – l’Istisna’a – les comptes de dépôts
– les dépôts en comptes d’investissement
Ces nouveaux produits ajoutés aux opérations bancaires vont fonctionner dans la plus grande transparence, élargir l’assiette financière tout en impliquant la banque dans l’investissement.
Et ce partage de risques ne peut être que attrayant aux opérateurs économiques et redynamiser le circuit économique.
L’assurance takaful
En dépit de ce que le monde a connu ces dernières années comme crises financières et catastrophes naturelles, l’importance des assurances s’est accrue. Pour ce qui de l’Algérie, le secteur des assurances a besoin d’être renforcé par d’autres mécanismes de manière à capter l’épargne se trouvant hors du circuit bancaire, c’est dans cette optique que l’assurance takful a vu le jour.
Publié dans le Journal Officiel de la République algérienne démocratique et populaire (JORADP) n° 14 du 28 février 2021, le Décret exécutif n° 21-81 du 23 février 2021 fixe les conditions et modalités d’exercice de l’assurance Takaful .Axé sur trois chapitres totalisant vingt sept articles, ce nouveau dispositif met en place les notions de base en matière de l’assurance “alternative” qui obéit aux principes de la Charia islamique.
Pour les réformes dans lesquelles l’Algérie s’engagera dans les années prochaines, le secteur financier est d’une grande importance parce qu’il permet de mobiliser l’épargne, et offre de l’investissement, de l’économie pour une croissance soutenable du développement.
Les instruments de financement qui obéissent aux principes de la Charia seront une nouvelle passerelle bâtie sur une confiance retrouvée entre les épargnants et les prêteurs, mais n’auront leur raison d’être et ne verront leur efficacité que dans un système bancaire assaini et moderne.